Je suis une maman une semaine sur deux
- Par
- Annie Gagnon
La garde partagée, ça aura été le défi de ma vie.
Devenir maman
À la naissance de mon premier fils, j’ai eu de la difficulté à prendre mon rôle de maman. Pour moi, c’était quelque chose de gros. Avoir la vie d’un petit être humain entre les mains, ça me donnait le vertige. Mais une fois que je me le suis approprié, c’est vite devenu une seconde peau.
Le besoin de “prendre soin” est très fort chez-moi… On ne devient pas infirmière pour rien! J’ai donc vite compris la place que j’occupais dans la vie de mes trois amours et ça me comblait totalement. Il est vrai que de s’occuper d’une famille est une tâche quotidienne exigeante mais en même temps, on reçoit tellement d’amour en retour… C’est très grisant comme sentiment.
Puis un jour…
Mais voilà que survient la rupture, le divorce.
Le bal des formulaires à remplir, les rencontres avec les avocats, la séparation des biens….
Et la garde partagée.
Si j’avais été un peu plus égoïste, je me serais battue pour la garde complète. Mais je savais très bien qu’ils avaient, et qu’ils auront toujours, besoin de leur père.
Mais moi, je deviens quoi une semaine sur deux?
La semaine où je n’ai pas de lunch à faire, de bain à donner, de nez à moucher.
La semaine où je ne fais pas de discipline, de devoirs, de lavages.
Vous vous dites : “Ben va au cinéma, au resto, prend des marches, fais du vélo!”
Ben oui, c’est des bonnes idées. C’est vrai.
Mais être en congé parce qu’on a perdu son travail, ça n’a pas le même goût de liberté que des vraies vacances, n’est-ce pas?
C’est de cette façon que je le vivais.
J’avais l’impression de n’être plus rien lorsque les enfants étaient chez leur père.
Tout ce que j’aimais avant avait du sens parce qu’ils étaient là.
Sans eux, je n’avais plus le même plaisir…
J’avais aussi le sentiment de les trahir.
Je leur avais promis d’être toujours là pour eux… et ce n’étais plus le cas.
Quel deuil ce fut. Comme j’ai pleuré.
Et je pleure encore… Cachée dans mon bain, parce que les gens autour de nous se disent que c’est peut-être le temps de passer à autre chose.
Et maintenant?
Bien sûr que j’ai appris à occuper mes semaines.
Bien sûr que je suis fonctionnelle et que je fais ma vie comme une grande fille.
Je vous rassure, je peux maintenant apprécier mon verre de blanc le vendredi soir!
En plus, les enfants ont la chance d’avoir une belle-mère aimante et un père responsable et fier d’eux. Je sais qu’ils reçoivent beaucoup d’amour dans cette autre maison.
Non: ce n’est pas toujours rose ni d’un côté, ni de l’autre.
Mais existe-t-il un endroit parfait?
Ceux qui disent « oui » ont les doigts croisés derrière le dos, c’est certain…
Ça fait déjà cinq ans que je ne vois que la moitié de la vie de mes enfants.
À travers les années et quelques thérapies, j’ai appris à me retrouver, moi.
J’ai aussi compris que je restais une maman à temps complet.
Parce que je les aime de plus en plus à chaque jour qui passe, qu’ils soient chez moi ou pas.
Et je pense qu’ils le savent.
Ils savent aussi qu’ils peuvent toujours compter sur moi et sur leur père, quelque soit l’adresse de la journée.
Puis le vendredi, lorsqu’ils arrivent, je leur demande souvent ce qu’ils ont trouvé de vraiment cool chez papa pendant la semaine. Ça me permet de me rapprocher d’eux et de mettre l’accent sur le positif.
Ils ont toujours quelque chose d’intéressant à me raconter.
Et oui, je l’avoue: ça rassure aussi mon coeur de maman de savoir qu’ils vivent de bons moments!
La garde partagée, ça aura été le défi de ma vie.
Je suis une maman… mais aussi une femme, une amie, une amante…
Et tout ça à temps plein!